En anglais, double-bass pourrait qualifier Ipecacuana à merveille, mais finalement Contrebasse à beaucoup moins d'impact... C'est bien dommage, mais c'est pas grave, restons Lucides, Ipecacuana a donc remis le couvert avec ses deux quatres cordes, Lucides est un six titres bien balancé. Six titres, comme un pack de bières, c'est bien vu, c'est un format qui marche bien au rayon liquide et, après réflexion, au rayon sonore c'est également un bon plan : pas trop, ni trop peu. Une pochette qui fait légèrement penser à une affiche de 1984 ou une affiche vintage de la RAF, Ipecacuana fait effectivement rugir ses moteurs à hélice avec un "Ausländer" corrosif qui gratouille derrière l'oreille, l'intro décolle vite pour délivrer des tirs de saturation granuleux, avec quand même un accent un peu fatiguant sur la dernière syllable de chaque vers.

Avec 20 minutes de saturation insidieuse, Ipecacuana séduit par ses chansons tantôt abrupte, tantôt douce, la transition entre "Inside Me" et "Lucide" en étant la parfaite illustration; d'une saturation à un chorus "Lucide" change de registre, un peu plus hip-hop, surement plus hardcore, mais toujours avec ce petit chorus enjôleur. Au changement de cap Ipecacuana se fait plus enchanteur, "Tuer nos peurs" prend de la vitesse, le pilote manie le manche avec habilité, plus rapide, plus mélodieux, on passe au dessus des nuages sur des choeurs se donnant à coeur joie. Société industrielle déshumanisée, fourmillière d'homme en gris, "Chez moi" dénonce cette individualisme mécanique sous les assauts répétés d'une trompette fantomatique. Finissant dans l'oeil du cyclone, "Twister" part sur une bonne idée mais s'emporte un peu trop, ranime les vieux souvenirs aux couleurs un peu passées -Come on let's twist again-... Soit. Sur six titres, la moyenne reste bonne, la batterie matraque, le chant attaque, les basses soutiennent et les idées restent Lucides.


Pooly , Janvier 2007
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