Après leur premier album Efforts (2004), le jeune groupe français Ipecacuana nous revient avec un maxi intitulé Lucides. Habitué des scènes françaises avec plus de deux cents concerts, le groupe se retrouve donc pour la deuxième fois dans les bacs.

Adepte d'un style tonitruant mélangeant notamment le métal au rock, IPK (leur petit nom) décoiffe et c'est le moins qu'on puisse dire. Un gros son de basse et beaucoup de saturations à la limite de l'audible sont la marque de fabrique d'Ipecacuana.

Ce style convient parfaitement au premier titre du maxi Auslandër, qui incarne parfaitement la nostalgie de l'étranger en exil. Avec la phrase "Ich bin ein auslandër" (je suis un étranger), on croirait presque entendre du Rammstein.

Avec Inside Me, le rythme ne change pas: toujours très nerveuse, la musique est très énergique. Très peu de paroles pour ce titre, mais une sensation d'angoisse qui va à merveille avec le sentiment d'être observé que Ghuilom, le chanteur, veut faire passer.

Lucide est certainement le titre pour lequel il faut le plus s'accrocher: c'est la chanson la plus sinistre de l'album. Le son agit telle une "caresse habile, un frisson, un effroi", pour reprendre les paroles d'IPK dans Tuer nos peurs.

Chez moi continue sur la critique du monde qui entoure l'homme, la dérive économique. Un texte engagé contre "cette machine d'acier et de bruit" qu'est notre monde. On ressent toujours une certaine angoisse, un stress qui colle parfaitement à la chanson.

L'album se termine sur une dernière tempête avec Twister, qui encore une fois dénonce la société de consommation. On entend dans les chansons d'IPK, toute la détresse de l'homme, le dégoût pour le manque d'humanité de la société.

Au final, un disque qui demande beaucoup d'"Efforts" pour rester "Lucides", pour s'accrocher au style d'Ipecacuana, mais qui "prend au ventre".

Antonio Scavuzzo

Antonio Scavuzzo , 2006
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